Santé mentale : pic de tentatives de suicide chez les enfants
depuis septembre 2024
Dans son analyse mensuelle, Santé publique France décrit la mauvaise santé mentale des Français, enfants comme adultes.
Au cours du mois de septembre 2024, les passages aux urgences pour geste suicidaire chez les enfants de 11-17 ans ont nettement progressé (+ 70 %, soit + 587 passages), révèle le Bulletin Santé mentale publié le 10 octobre 2024 par Santé publique France, qui produit un bilan mensuel sur l’évolution nationale des indicateurs de santé mentale.
Si cette dynamique est habituelle chaque année à cette période, le nombre d’enfants concernés, en particulier chez les 11-14 ans, s’avère supérieur à ceux des années précédentes, insiste Santé publique France.
Chiffres aussi inquiétants, chez les enfants de 0-17 ans, les passages aux urgences pour idées suicidaires ont explosé en septembre : + 101 %, soit + 569 passages par rapport au mois d’août ! « Cette hausse suit la dynamique observée les années précédentes », tempère quelque peu Santé publique France.
Par ailleurs, au cours de ce même mois de septembre, chez les enfants de 11-17 ans, les passages aux urgences pour troubles de l’humeur s’affichaient fortement en hausse par rapport au mois précédent (+ 138 %, soit + 685 passages), suivant, là encore, la dynamique observée les années précédentes. Les effectifs sont similaires à ceux des années précédentes.
Au cours du mois de septembre 2024, les passages aux urgences pour troubles anxieux chez les enfants de 11-17 ans ont suivi la dynamique à la hausse observée les années précédentes. Les effectifs concernés (+ 72 %, soit + 894 passages par rapport au mois d’août) sont demeurés comparables (voire légèrement inférieurs chez les 15-17 ans) à ceux des années précédentes sur la même période.
En septembre 2024, les passages aux urgences pour troubles psychotiques chez les enfants de moins de 18 ans ont augmenté (+ 47 %, soit + 53 passages par rapport au mois d’août), dans des niveaux voisins de ceux des années précédentes.
Enfin, les passages aux urgences pour troubles de l’alimentation s’affichent en hausse modérée chez les enfants de 11-17 ans.
« Si la jeunesse d’aujourd’hui n’est pas la première à avoir une vision pessimiste du monde, son mal-être est désormais associé à des troubles psychiques d’une ampleur inégalée ».
Le programme IAMSTRONG, une méthode d’accompagnement positive dédiée aux adolescents et l’institut de sondage Ifop ont mis en place un observatoire de la santé mentale des jeunes – collégiens, lycéens et étudiants – dont les résultats ont été publiés jeudi 21 novembre.
L’enquête, menée auprès de 1 300 jeunes âgés de 11 à 24 ans, pointe un épisode dépressif d’au moins 2 semaines chez un jeune sur deux (48 %), dont 25 % dans les 12 derniers mois.
Et 23 % des jeunes confient avoir eu des pensées suicidaires, dont 9 % ces douze derniers mois. Pour comparaison, selon Santé publique France, 3,3 % des 18 – 24 ans déclaraient avoir eu des idées suicidaires dans l’année écoulée, ils étaient 13 % en 2023 selon le baromètre.
Le bien-être mental des jeunes filles mis à mal
L’étude souligne le regard très négatif que les jeunes portent sur eux-mêmes, tout particulièrement les filles. Tous les indicateurs de vulnérabilité psychologique sont plus élevés chez elles : l’anxiété (68 %, contre 51 % chez les garçons), les états dépressifs (55 %, contre 40 %) mais aussi les pensées suicidaires, plus fréquentes chez les filles (27 %) que chez les garçons (18 %).
La tendance à s’auto-déprécier est également un phénomène très genrée puisque la proportion de filles ayant « une opinion négative d’elles-mêmes » est de 38 % (26 % pour les garçons) ou n’ayant pas confiance en leur niveau scolaire (34 %, contre 23 % des garçons). Ainsi les filles ont davantage envie « de tout abandonner », 32 % contre 17 %.
Leur sentiment de solitude (55 %) est bien supérieur à celui des garçons (45 %) et elles ressentent un écœurement à l’égard de la société bien plus élevé que celui des garçons (68 % contre 49 %).
« Cette disparité peut être en partie expliquée par plusieurs facteurs : certes des variables culturelles comme le fait que les hommes sont moins enclins à admettre leur fragilité (désirabilité sociale), mais pas seulement ; chez les filles, les changements pubertaires sont souvent plus intenses, les injonctions à la perfection physique sont omniprésentes, et la consommation des réseaux sociaux est plus importante. Ces pressions combinées alimentent un climat de stress et d’anxiété qui affecte profondément leur bien-être mental », avance Erika Seydoux, coache et co-fondatrice IAMSTRONG.
Liens entre dépréciation physique et santé mentale
L’enquête braque aussi les projecteurs sur le manque d’estime de soi sur le plan physique, comme facteur de détresse psychologique. « La proportion de jeunes ayant déjà pensé à se suicider étant trois fois plus forte chez les jeunes ne se sentant pas beaux/belles (59 %) que chez ceux ou celles de disant beaux/belles (11 %) », lit-on dans l’enquête.
Idem cette dépréciation physique pèse lourd sur les sentiments de stress, de solitude… Ces sentiments sont trois fois plus ressentis chez ceux qui n’apprécient par leur image que chez ceux qui l’apprécient. Cela impacte aussi la confiance en leurs capacités scolaires : « 69% des élèves ne se sentant pas beaux n’ont pas confiance en eux sur le plan scolaire, contre 16% de ceux qui se disent beaux ».
IAMSTRONG plaide pour une action collective pour prioriser la santé mentale des jeunes, misant sur la prévention, le renforcement de l’estime de soi et des outils de résilience face à un monde qui les inquiète.
A noter : si vous êtes en souffrance ou vous inquiétez pour un proche, n’hésitez pas à composer le 31 14, le numéro national de prévention du suicide. Un site internet est également à disposition, 3114.fr.
PSYCHOM : un site qui informe, oriente et sensibilise. Lien concernant la santé mentale des jeunes https://www.psycom.org/sinformer/la-sante-mentale/la-sante-mentale-des-jeunes/
* Étude Ifop pour IAMSTRONG réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 9 octobre 2024 auprès d’un échantillon de 1 303 jeunes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine âgée de 11 à 24 ans.
* Article Rédac WEKA du 13 novembre 2024
* Article Destination santé du 16 décembre 2024
Crédit photo : © Par Dora Zett